Le premier recensement de population du XXème siècle fut celui de 1901.
En 1901, Saint Aignan de Cramesnil avait une population proche de celle qu'il a aujourd'hui : 355 habitants (363 en 1999). La répartition géographique était la suivante :
. le secteur de l'église comprenait 24 maisons et 111 habitants
. la Bruyère : 42 maisons et 142 habitants
. les Hauts Vents : 2 maisons et 10 habitants
. Cramesnil : 12 maisons et 58 habitants
. Gournay : 7 maisons et 24 habitants
. la Jalousie : 3 maisons et 10 habitants
Les grands groupes d'âge se répartissaient comme suit (pour comparaison, on trouvera entre parenthèses les données pour la France en 1901) :
. 0-19 ans : 34,6 % (France 1901 : 34.6 %)
. 20-64 ans : 55,4 % (France 1901 : 57,2 %)
. 65 ans et plus : 10 % (France 1901 : 8,2%)
Comme on le voit, en 1901, la population de Saint Aignan de Cramesnil se situait dans la moyenne nationale.
La majorité des habitants tirait ses revenus de l'agriculture. Sur un total de 134 actifs occupés (ne sont pas compris ici les chômeurs, les personnes restant au foyer), les métiers de la
terre en comptait 83, soit 62 % des actifs occupés. Si nous leur ajoutons les membres de la famille vivant au foyer, ce sont 188 personnes qui vivaient directement de l'agriculture,
c'est-à-dire un peu plus de la moitié de la population totale. Mais cela veut dire aussi que bon nombre de famille de Saint Aignan de Cramesnil tirait leurs revenus d'autres activités, et
celles-ci étaient nombreuses.
Les actifs agricoles se répartissaient ainsi :
20 cultivateurs Ð 1 berger
23 journaliers Ð 37 domestiques
1 entrepreneur de battage
1 taupier
On relève 60 employés agricoles (domestiques et journaliers) pour 21 patrons, soit 3 employés en moyenne par exploitation, le maximum étant de 7 chez quatre exploitants : Pierre Bréville,
Ulysse Dan, Henri Déchaufour et Paul Lemarinier.
Pour les autres actifs, la répartition est la suivante :
Commerçants :
4 débitants (café, tabac, épicerie),
1 aubergiste,
1 marchand de nouveautés,
1 marchand de journaux,
1 marchand de vaisselle (employant son fils).
Artisans :
2 maréchaux-ferrants (dont l'un avait un employé),
1 boulanger (avec deux employés),
1 menuisier,
3 cordonniers,
1 charpentier,
1 bourrelier,
1 couvreur,
2 maçons (plus un ouvrier),
1 horloger bijoutier,
1 plâtrier (plus un ouvrier).
Autres :
3 couturières,
3 blanchisseuses,
5 domestiques (hors agriculture),
2 gardes particuliers,
4 cantonniers (communaux ou départementaux),
1 dentellière,
9 ouvrières en perles,
1 sage-femme,
1 inspecteur d'assurances,
1 voiturier.
Il y avait aussi un instituteur (Emile Lemonnier) et un curé (Elie Auguste).
Un autre élément intéressant à noter, c'est la composition des familles. Parmi les 60 familles ayant des enfants, on relève une prédominance de l'enfant unique : 29 foyers - soit près d'un couple avec enfant(s) sur deux ont un seul enfant.
Dix-huit familles ont deux enfants chacune. En fait de familles nombreuses, tout juste peut-on relever une famille de huit enfants et une de cinq. Ainsi, contrairement à ce que l'on pourrait
croire, rares étaient les familles nombreuses au début du siècle. Il est vrai que depuis la fin du XIIIème siècle, la natalité n'avait cessé de décroître et qu'ainsi les familles nombreuses
se raréfiaient. Dans le même temps, la mortalité infantile restait élevée (à cette époque, en moyenne en France, un enfant sur sept mourait avant d'atteindre son premier anniversaire). Au
total donc, les trois-quarts des familles de Saint Aignan de Cramesnil comptaient seulement un ou deux enfants.
Au sujet des enfants, un autre phénomène remarquable est le nombre important de nourrissons élevés à Saint Aignan de Cramesnil en 1901 : ils ne sont pas moins de dix-neuf. Il s'agit souvent
d'enfants de l'Assistance Publique, mais il faut savoir que le placement en nourrice était une pratique courante depuis le XVIIème siècle : on cherchait dans les campagnes des nourrices
capables d'accueillir des petits citadins, enfants de riches qui ne voulaient pas d'entrave à leur vie, ou enfants de pauvres qui ne pouvaient entretenir une nombreuse famille. Cette pratique
ne va plus durer longtemps : au recensement de 1921, on ne comptera plus que trois enfants en nourrice à Saint Aignan de Cramesnil.
Dans l'ensemble, l'espérance de vie était relativement courte : environ 50 ans pour les femmes et 45 pour les hommes (aujourd'hui, 83 pour les femmes et 75 pour les hommes). A noter la
longévité de la doyenne de Saint Aignan de Cramesnil, Mélanie Marie, âgée de 84 ans en 1901. Elle était suivie de près par Pauline Lenoble, 83 ans. Le doyen du village, Michel Cingal, avait
81 ans. Ces trois solides octogénaires ont connu 5 régimes politiques successifs : la Restauration (Louis XVIII et Charles X), la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe), la Iième République,
le Second Empire (Napoléon III) et la IIIème République. Une belle performance !